[google1]
Je suis Sheitan al-Dîn, membre du prestigieux clan des nosferatus. Originaire des montagnes de l’Atlas, je me rends à Jérusalem pour expier mes fautes. Asïf mon contact sur place m’a trouvé une planque grâce à une certaine Etheria, apparemment la caïnite la plus influente de Jérusalem. Aucun vampire ne peut être logé sans son accord dans la ville.
Après une première journée de repos je profite du lever de la nuit pour découvrir la ville. Ce soit d’avril 1157, la nuit est levée depuis à peu près une heure et je flâne, sans vraiment savoir pourquoi,j dans le quartier arabe. Après près d’une heure à tourner sans but, je me retrouve sur une petite place. J’aperçois un grand pèlerin, plutôt élégant, qui manie l’art de la discrétion de façon inhumaine. Parmi la masse grouillante, il se déplace sans même effleurer les passants.
Intrigué par ses déplacements, je fais un peu plus attention à l’activité de la place. J’aperçois un adolescent, tout de blanc vêtu, de type arabe, au visage très avenant. Ses déplacements ne sont pas humains non plus. il est vif, plus qu’attentif.
Parmi la foule grouillante, deux femmes attirent mon attention. Une de taille moyenne, encapuchonnée, les cheveux roux, habillée de blanc. On dirait une nonne. Elle semble accompagnée d’une autre femme, européenne, avec de longs cheveux blonds et un visage d’ange. elle aussi pourrait être une nonne. C’est sûr ce ne sont pas des humaines. Elles sont trop vives pour cela.
L’adolescent s’approche des deux femmes. Je prête l’oreille discrètement. Le jeune se présente sous le nom de Bachir et lui demande si elle n’est pas la fameuse Etheria. Il est particulièrement obséquieux. D’un ton rude, la rousse lui répond que ni l’une ni l’autre ne sont Ettheria. Elle parle en Français, j’ai du mal à saisir clairement toutes ses paroles.Malgré mes difficultés à comprendre cette langue, j’entends qu’elle semble connaître Etheria. Les deux se présentent comme soeur Fidelma et soeur Blanche, chrétiennes en pélerinage.
Entendu qu’il s’agit de caïnites, je me dirige vers l’adolescent. Je lui demande s’il recherche aussi Etheria que je souhaiterais remercier pour ma catacombe.
Le grand pélerin aperçu lors de mon entrée sur la place s’approche du groupe et se présente à son tour. Il semble intéressé par la présence de caïnite mais avoue ne pas avoir été logé par Etheria. cela me semble étrange. Etheria, aux dires d’Asîf, à la main sur toutes les entrées de Caïnites dans la ville. Les femmes demandent alors à ce nouvel arrivant où se trouve son repaire. Il ne répond pas, normal pour un caïnite quand on sait qu’il y va de notre survie.
Soudain, simultanément, nous tournons la tête. Etrange, je n’étais pas particulièrement attentif, comme si l’on m’avait demandé de tourner la tête. Derrière l’étal d’un marchand de charogne, un chien semble nous regarder. Dès qu’il se sent observer, il part en courant. Mon habitude des animaux me conduit à me suivre à l’odeur, mais les odeurs s’entremêlent. cela ne me semble pas normal.
Fidelma, la nonne, en alerte, tente de se concentrer sur les odeurs mais se dit gênée par la mienne. C’est un problème récurrent chez les caïnites avec nous les nosferatus. ils nous prennent pour des rats d’égoûts.
Nous finissons par parvenir à saisir une trange odeur de sang frais que nous suivons. Bachir, le jeune caïnite, disparaît. L’odeur n’est pas naturelle, nous ne parvenons pas à saisir l’origine humaine ou non de cette odeur de sang. La trace finit par sortir du soukh et se dirige vers la porte d’Hérode, haut lieu de malédiction s’il en est à Jérusalem.
L’odeur bifurque vers la porte du Lion. L’adolescent, qui semblait avoir disparu reparaît soudainement. Son air d’adolescent cache de grandes capacités chez ce caïnite. Seuls les Assamites peuvent être si discrets. Dès qu’il réapparaît, la nonne Blanche s’exclame « c’est toi mon ange Gabriel? ». Etrange, il ne répond pas, ils semblent se connaître. Sa seule réaction est de lui dire que les noms n’ont pas d’importance.
Nous semblons avoir perdu la piste mais aboiement au loin se fait entendre. jed ne sais pas pourquoi, mais cet aboiement, dans les tréfonds de mon esprit, veut dire, Suivez-moi. Nous avançons vers l’aboiement et soudainement, plusieurs chiens se regroupent autour de nous. Je sonde rapidement les chiens mis étrangement, je ne ressens que des chiens. Plus nous avançons vers la porte du Lion, plus les chiens s’amassent autour de nous comme s’ils nous poussaient vers une direction.
Nous retrouvons le chien que nous suivions. il est en tête et se retourne fréquemment, il semble presser le pas. Il finit par aller si vite que nous peinons à le suivre. Nous accélérons le pas. Sambor, le grand pélerin, est à la traîne.
Nous apercevons au loin un amas rocheux en dehors de la ville. Sans savoir pourquoi, l’idée me vient qu’il faut absolument atteindre cet amas rocheux au plus vite. Blanche la nonnne semble en pleine panique, elle devient folle, ça ne peut être qu’une malkavienne.
Nous parvenons à franchir les quelques kilomètres nous séparant de l’amas rocheux en quelques minutes. Sambor est à la traîne. A l’approche de l’amas, qui s’avère en fait être un plateau, les chiens prennent un chemin nous menant au sommet d’une falaise.
Blanche semble se calmer mais est épuisée. Elle n’est pas très cohérente. Définitivement, je peux dire que c’est une malkavienne. Aucun Caïnite ne se maîtrise aussi peu que les Malkaviens. Arrivés sur la falaise, les chiens se couchent et gémissent. leur comportement est étrange. Le chien que nous suivions qui semble dominer la meute s’approche calmment du bord de la falaise et semble regarder Jérusalem.
Je sonde à nouveau les chiens. Je perçois leurs pensées. ils semblent me conseiller de rester ici. J’informe mes camarades d’infortune de cette demande des animaux. Ils savent inconsciemment très bien qu’il vaut mieux m’écouter.
Des vibrations énormes nous parviennent soudain. ces vibrations s’amplifient. il s’agit d’un tremblement de terre. Des blocs tombent de la falaise, il semble très violent. Les lumières de Jérusalem, au loin, se mettent à vaciller. rapidement des incendies se déclenchent.
Le calme revient soudainement. Au loin, Jérusalem prend une couleur orangée. Nous sommes ébahis par ce spectacle. Soudain, les chiens s’éclipsent et le dominant disparaît. Nous déduisons avec nos camarades avoir échappé à une catastrophe, mais quelle catastrophe? Le soleil ne devrait pas tarder à se lever mais nous sommes loin de Jérusalem. Nous découvrons une anfractuosité qui pourrait nous abriter du soleil pour la journée.
Ce moment de calme est profitable pour fire un bilan sur cette aventure inhabituelle. Pourquoi sommes-nous allés au soukh? Avons-nous tous eu cette impression d’être contrôlés? Sommes-nous les seuls caïnites nouvellement arrivés à Jérusalem? Toutes ces questions nous poussent à ne pas profiter de notre abris de fortune et à retourner à Jérusalem. Sur le retour, les quelques hameaux isolés ont l’air désolés, beaucoup de croix en pierre se sont brisées sous l’effet du tremblement de terre.
Nous parvenons à Jérusalem mais les portes sont toujours ouvertes. Cela est en général mauvais signe. Une ville de cette ampleur qui laisse ses portes ouvertes, ce n’est pas habituel. les gardes sont absents.
Lors de notre arrivée, nos sens de caïnites sont mis à vif. L’odeur du sang est omniprésente, les gémissements des blessés sont continuels, incessants. Nous ne succombons pas à l’odeur du sang, couverte par l’odeur de cendre et de poussières. le désordre ultime règne à Jérusalem. des chaines se forment pour éteindre les incendies, les gens hurlent, même les pensées ne sont plus compréhensibles.
Fidelma, Blanche et Bachir se dirigent vers le quartier chrétien. Nous nous fixons rendez-vous à cet endroit. Sambor, le grand pélerin, et moi, nous dirigeons vers le quartier arménien. Le désordre s’amplifie. Nous somes contreints à plusieurs reprisesd d’escalader des débris pour avancer. Le quartier arménien semble avoir plus soufffert que le reste de la ville. Les pleurs sont devenus un mode de communication, partout, doux, forts, contenus; plus une seule pensée.
Soudain, un cri abominable se fait entendre. Nous suivons la direction du cri qui provient d’une ruelle adjacente. Personne ne porte attention à cette expression d’effroi. Nous pénnétrons dans la ruelle. Un croisé, un soldat, les yeux injectés de sang se redresse soudainement. Il était sur le corps d’une femme probablement l’origine du cri de terreur. Je comprends rapidement qu’il s’agit d’un caïnite. Il est en frénésie, encore un de ceux qui ne peuvent résister à l’odeur du sang. Il se jette sur moi. Je sors ma hache et m’apprête à l’affronter, il ne se contrôle plus et doit être prêt à tout. Il tente d’abattre son épée sur moi, mais malgré ma masse, il rate son coup. J’abats à mon tour mon arme en y mettant toute ma force et le coupe littéralement en deux, d’un seul coup Ce ne devait pas être un ancien mais je bois son sang.
L’affrontement n’a duré que quelques secondes. La femme a la gorge déchiquetée. Sambor s’approche de la femme doucement, tend la main vers sa gorge. La blessure se referme. Une capacité étonnante de la part de ce caïnite que je prenais pour un faible. Malheureusement rien n’y fait. la femme meurt en quelques minutes.
Après cet épisode aussi rapide que surprenant, nous continuons nos recherches. La panique est générale. Je profite de l’affolement des rats pour en forcer quelques uns à répondre à mes questions. Un tel événement est-il déjà survenu? Les rats s’angoissent davantage de la présence de Sambor à mes côtés que de mes interrogations. Je force leur esprit. Oui, un tel tremblement est déjà survenu il y a longtemps. D’où vient cette vibration à l’origine des tremblements de terre? Les rats me répondent Messel, les Lépreux! Étrange réponse que voilà! quels lépreux? Les Nosferatus puisque c’est ainsi que nous sommes fréquemment surnommés? le camp des lépreux à l’extérieur de la ville. La pensée des rats est trop dispersée pour que je puisse obtenir des informations plus précise. Je regarde Sambor, lui fait part des mes interrogations et des réponses des rats. Nous décidons de rejoindre nos camarades d’infortunes. Nous avons été épargnés de façon étrange, il nous revient de trouver une réponse. Nous repartons au point de rendez-vous, inquiets d’être involontairement mêlés à ces événements, mais encore plus inquiets de la proximité du lever de soleil.
Nous retrouvons les deux nonnes accompagnées d’une vieille humaine appelée Augustine. Elle sent la goule. Nous ne savons que faire. Sommes-nous, bien que supérieurs, en sécurité à Jérusalem? Serons-nous en sécurité dans notre lieu de sommeil? Nous décidons de quitter la ville. La grotte sur le plateau sera un abris discret et au moins à l’abri de l’agitation ambiante.
A peine parvenus dans la grotte, l’approche du soleil nous plonge dans notre torpeur quotidienne. Je ne parviens pas à dissimuler la pointe de ma hache sortant de mes vêtements. Nous nous endormons comme s’endorment les miens chaque matin, plus maîtres de nous mêmes!