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Tout a commencé comme un conte! tout était beau, tout était joli, le monde était juste et le soleil brillait! (oui je n’étais pas encore en Normandie).
Fraichement sorti de l’IUFM, après une formation de qualité comme on n’en fait plus (ça c’est sur on n’en fait plus mais je plaisante pour la qualité), je me suis dit, ce serait un monde merveilleux, si tous les profs mettaient en commun leurs productions, quel temps nous gagnerions et quel bénéfice ce serait pour nos chers élèves.
Alors je m’abonnais à une liste de discussion célèbre chez les profs d’histoire-géo. Sur cette liste, on trouvait tous les jours des infos sympas, au moins une fois par semaine, il y avait un rappel des nouveautés de clio collège. Alors j’allais voir ce site et me dit, cool, un site qui partage. Toujours dans le rêve d’un monde parfait, je me décidais à créer un site aussi en me disant, ça pourra toujours être utile et ça complétera ce qui existe déjà. J’ai alors créé mon premier site (Histoire Géographie et Multimédia) et comme je pensais que la mutualisation n’était pas une compétition, je me décidais à n’indexer que les ressources numériques utilisables en classe, pas les séances de cours papier que je trouvais déjà sur Clio Collège. Le ton était beau à cet époque. Sur la liste, quand quelque chose de bien était paru sans que ce soit indexé sur un site, quelqu’un le signalait. C’était tellement bien que je me disais, les profs sont formidables.
Alors, mu par mes idées de partage et de liberté (je caressais déjà le manchot à cet époque et croyais dur comme fer que le libre révolutionnerait ce monde marchandise), je me suis mis au défi de partager toutes mes productions, même celles dont je n’étais pas très satisfait. Et je vis que d’autres faisaient la même chose.
Puis, le monde a changé. Rien à voir avec Skynet ni avec une invasion de zombies. Le monde a changé car j’ai fais quelques comptes (pour ceux qui connaissent mes problèmes en maths, c’est un exploit). Combien y-a-t-il de profs d’Histoire Géo dans ce pays: au bas mot 27 413 (en 2009-2010). Combien y-a-t-il de blogs ou sites qui mutualisent des productions? Euh, et là ce fut le choc: 20-30! Et si on pousse un peu 50 en comptant les sites qui partagent des découvertes tels que l’excellent Gemtice (un peu de pub) et bien d’autres. Certes, quantité d’enseignants utilisent ds blogs ou des sites, et je trouve ça plutôt bien, mais ne mutualisent pas.
Alors en me relisant je me dis, tiens, j’ai changé de ton par rapport à d’habitude! Ben non, je vais revenir à mes bonnes vieilles habitudes.
Mutualisation est un grand mot chez les éducateurs du net. beaucoup ne parlent que de cela, beaucoup en veulent et en redemandent, beaucoup voient cela comme l’avenir de l’éduction. Et bien, à un moment, il faudrait regarder en face des trous pour bien voir. La mutualisation ça n’existe pas vraiment, et le collaboratif encore moins. Enfin si ça existe mais il n’y a pas de quoi en faire un plat, ça existe pour une cinquantaine de personnes sur 27000 et des brouettes.
Alors comme pour X-OR, revoyons la scène au ralenti! Et là je vais citer des noms. Pourquoi tout le monde ne mutualise pas? Voyons tout d’abord les types de mutualisateurs:
-Les « comme moi »: C’est mon blog, j’ai bien le droit de me mettre en avant! Les comme moi, ils mutualisent tout, parce qu’ils croient en un monde libre, en des licences libres… Pour tout dire je mutualiserai même mon caleçon si ça pouvait servir la cause!
-les HGV85: Les HGV85 sont presque comme les « comme moi » sauf qu’ils habitent en Vendée et qu’ils sont moins forts! (je le redis c’est mon Blog). Différence aussi, c’est qu’il laverait son caleçon avant de le mutualiser!
-les autres: je ne vais pas citer de nom sans les connaître personnellement: des gens bien sympas qui mettent en ligne leurs productions avec souvent le soucis de bien faire.
-les sites académiques: de la mutualisation institutionnelle, de qualité plus que variable, mais qui a le mérite d’exister. Je n’en dis pas plus, je pourrais me lâcher. (non parce qu’il faut bien le dire y’a des gros boulets parfois sur les sites académiques et des productions plus que douteuses et c’est bien dommage ça pénalise les petits bonheurs que l’on peut y trouver).
Là, ayant perdu quelques lecteurs, qui se demandent où je bien en venir, je vais enfin dire pourquoi j’écris tout ça! Ce matin, en relevant mes mails, je lis des messages de cette fameuse liste pour profs d’HG et là je trouve un super message. Une collègue soumet un lien et obtient comme réponse un message que je qualifierai d’insultant. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Ticeman a des règles d’éthique et de politesse et là j’ai personnellement trouvé la réponse insultante. Non seulement pour la collègue qui poste le message pour partager (autrement dit revenir à ce qui se faisait avant sur cette liste) mais surtout insultant pour les collègues qui ont pondu le travail. En même temps, je plains le pauvre monsieur qui a davantage l’air de découvrir le contenu du programme en cours d’année.
bref, où je veux en venir, pourquoi, certains ne mutualisent pas, et pourquoi, les critiques proviennent justement de ceux qui ne mutualisent pas. Et là je me reprends. Je vais essayer de ne pas caricaturer pour faire plaisir à la chef des Tuyaunautes ;-).
-Première catégorie: les timides! ceux qui n’osent pas! ceux qui ont peur que leur travail soit jugé. Vous voyez, je suis capable de ne pas caricaturer. C’est louable, ils ont peut être tort, mais il n’y a pas de mauvaises intentions derrière (rien de sexuel dans mes propos, je précise au cas où un gars du Nord ferait un commentaire). Parmi ces gens, on trouve un peu de tout, dont certaines personnes très douées. J’admets que l’on n’ait pas envie de partager même si je ne comprends pas.
-Deuxième catégorie: les branle manettes! Je vous jure que ce n’est pas une caricature. J’ai déjà parler de ce genre de personnes. Elles ne mutualisent pas parce que c’est bien plus simple de prendre le travail mutualisé par les autres.
-Troisième catégorie: Les aigris. Ils voudraient bien, mais ils ne peuvent pas. ils sont dépassés, ne comprennent pas de quoi on parle et sont extrêmement jaloux? Jaloux de ne pas avoir de quoi mutualiser (ben oui il faut bosser pour ça) et jaloux de ne pas faire partie des divers groupes académiques de réflexion ou autres qu’ils envient tellement ils pensent qu’on peut s’en mettre plein le portefeuille. Ceux là, sont un vrai problème car ils polluent la mutualisation, empêchent les bonnes intentions et surtout s’expriment et jettent à la face du monde leur haine.
Quatrième catégorie: Les cons (il y en a dans tous les métiers). Eux ils ne mutualisent pas, parce que partager ça fait trop gauchiste.
Cinquième catégorie: Les commerciaux. Eux ils ne partagent que s’ils peuvent en tirer un profit. C’est à la mode, très air du temps et ça ne les dérange pas de commercialiser le travail des autres comme certains que je ne nommerai pas tellement je les trouve abject. Dans cette catégorie on trouve aussi les « Moi Je » qui se trouvent tellement exceptionnels qu’ils estiment que leur travail mérite un salaire supplémentaire.
Voilà l’état du monde! Je vivais sur un nuage de partage et je me retrouve dans un monde où le partage n’est plus une valeur.
Alors il faudra m’expliquer un truc. Pourquoi avec mes 700 visites par jour et 250 téléchargements, faut-il toujours que ce soit un connard qui viennent mettre son petit commentaire sur mon boulot (et même sur celui des autres)? et d’après quelques discussions avec d’autres mutualisateurs comme hgv85, je ne suis pas le seul dans ce cas. Pourquoi, la masse de gens qui utilise des ressources mutualisées ne s’exprime jamais (ou très peu)?
Si vous avez un avis, n »hésitez pas à commenter, j’aimerai bien comprendre! Bon au départ, je devais aussi parler de récentes discussions sur ENT et Cahier de texte en ligne qui ramènent au même problème, mais je suis un tantinet énervé ce matin!
Tiens, c’est marrant, le prochain billet qui me tournicote en ce moment est sur le même sujet……
Je trouve tout cela très vrai !
Et je retrouve bien toutes les catégories de profs.
En tant que « mutualisatrice », j’ai rarement eu de remerciements. Les rares fois, j’ai répondu aux personnes, tellement ça me faisait plaisir.
Le plus marrant, c’est d’avoir des messages de parents qui me demande des pistes pour aider leur enfant à faire mon activité, donnée par le prof dudit enfant (sans que j’en sois avertie bien sûr).
Le summum, c’est d’avoir dû aider ma filleule à réaliser une activité sur le tableau de sacre de Louis XIV : une activité flash réalisée par mon collègue Philippe Sallet, mais que sa prof (à ma filleule) s’était attribuée. Je crois que c’est le pire : prendre le travail que les autres proposent, normal. Ne pas remercier, soit ! Mais s’en attribuer le mérite, là, franchement, c’est de la malhonnêteté intellectuelle. Venant de professeur enseignant l’éducation civique et le respect des lois….
Sinon, en tant que collègue attaquée (régulièrement), sur cette liste de prof d’HG, je ne peux que dire « Bravo » !
Tombé sur ton article via Twitter et c’est vrai que « la mutualisation ça n’existe pas vraiment, et le collaboratif encore moins. Enfin si ça existe mais il n’y a pas de quoi en faire un plat, ça existe pour une cinquantaine de personnes sur 27000 et des brouettes. »
Pour répondre à ta question, j’ai ouvert un blog parce que j’aime l’idée du « Do it yourself » et que c’est une belle vitrine de ses pratiques pédagogiques. Qu’est-ce que je partage ? Pas tout. Je mets en ligne ma façon de défricher une partie du programme et ce que les élèves produisent. Je fixe des limites à la mutualisation ouverte à tous. Mutualiser sans restriction la fiche élève, les évaluations, ça je ne le fais pas. Le pillage intellectuel et le copier-coller décomplexé, j’en ai trop vu en salle des profs. Besoin d’une évaluation : j’imprime celle de M.D (par ex.)… Tant pis si on a pas la même progression, le programme est le même non ?! Ces profs considèrent que le travail fourni est tombé dans le domaine public, ce qui n’est pas faux (parfois certains y vont d’un message de remerciement mais le plus souvent ils remarchent dans les pas sans laisser de traces).
Mutualiser, oui mais pour qui ? Si je mutualise ce que je fais en classe, c’est avant tout pour les élèves et si les collègues s’y retrouvent tant mieux. Mine de rien, des parents aussi viennent chercher des billes (notamment sur ce qui est méthode de travail). Mutualiser les productions d’élèves, c’est donner à voir ce que l’on peut faire sans livrer un cours clé-en-main. A mon avis, la mutualisation intégrale doit se faire en petit comité de gens motivés, le net est trop vaste et les copieurs-colleurs trop nombreux pour cela…
EG
Je ne suis pas totalement d’accord avec toi! Mais il ne s’agit que d’une question de point de vue! je n’ai rien contre les copieurs-colleurs! Ce qui m’insupporte réellement, ce sont les gens qui ne citent pas leurs sources. Si je pique une eval sur le net, je le laisse telle quel et je dis à mes élèves qui l’a fait! pour ce qui est des petits comités, je pense qu’ils sont utiles pour le travail collaboratif!
D’après moi, un bon cours reste un cours que l’on a fait. C’est pour cela que le copier-coller me dérange. A qui profite le clic droit ? Au prof, pas aux élèves… Quand j’ai attaqué et que je peinais à construire des séances, j’allais voir ce que faisait les autres. J’en oubliais de réfléchir à mes objectifs personnels, à la progression, … bref l’essentiel. J’aurais du mal à travailler constamment en équipe parce que j’aime imprimer ma patte sur les séances. Il m’arrive bien sûr, pris par le temps, les nouveaux prog. ou une refonte de cours, de m’inspirer de productions de collègues mais si je n’ai pas intériorisé le cours, ma transmission est moins bonne… Après, j’utilise des activités comme celle que propose Cyril (Combattre pour Athènes par ex / cité sur la p@sserelle of course 😉 parce que :
1. très bien faites
2. directement utilisables en salle info
3. la p@sserelle peut en retour lui rendre un service un des 4
Le net permet cet enrichissement des pratiques mais n’en profite vraiment que les vrais acteurs de la mutualisation…DIY !
Merci.
C’est rare mais ça arrive… Il y en a tjs qui remercient par mail… et de façon sympa 😉
« Merci Monsieur GRANGE pour ce cours! Absolument fabuleux (non, ce n’est pas de la propagande!).
Sans vous vouer un culte, je vous glorifie quand même!.
Ma rééducation par le travail (votre travail) sans me fatiguer est totalitairement réussie!.
Une vieille Prof’ d’Histoire/Géo des années 50!.
M.P.
P.S. : (lieu où elle habite) »
Ah, tu tombes encore dans la caricature ! Tu vas voir ce qu’elle va te mettre la patronne lorsqu’elle va rentrer ;°) Bon sans rire, je suis en partie d’accord avec toi. Je trouve toujours regrettable que nous soyons si peu nombreux à mutualiser nos travaux, surtout que bien souvent c’est la confrontation de regards extérieurs qui permet de es faire évoluer de manière positive. C’est d’ailleurs pour cela que nous essayons dans clio-collège de mettre en avant des ressources « artisanales » qu’on ne trouve pas sur les sites académiques.
Quant à la réaction de certains collègues, je serais peut-être un peu moins vindicatif que toi. Pour ma part, je pense que c’est surtout le modèle des listes de diffusion qui est en cause : trop daté, dépassé, qui ne correspond plus à l’esprit du temps… Alors que les réseaux sociaux permettent les échanges quasi-synchrone, il me semble que les listes favorisent surtout la surenchère, chacun prenant soin de préparer son scud pour avoir le dernier mot. Toutefois, dans le cas qui nous intéresse, il s’agit surtout d’un collègue, encore un, qui a eu des mots malheureux… Passons, cela n’en vaut pas le coup.
PS : Pour ceux qui liraient ces lignes et qui douteraient de mes capacités informatiques, je vous invite à consulter mon site perso qui vous prouvera que le Ticeman devrait venir faire un stage intensif en Vendée ;°)
Je suis pour le stage en Vendée, tout dépend s’il n’y a que de l’alcool à base de chou!
Non ! A base de mojettes !
Vos échanges Hgv85 et Ticeman m’ont bien fait rire. Je crois que, comme Mila, j’avais une idée en érection à ce sujet (hihihi, il fallait bien que je réponde à ton allusion). A venir je pense sur mon Posterous. Quand j’aurai un peu avancé dans ma leçon pour le livre scolaire 😉
Tiens, ça me rappelle une prof que je connais 😉 qui des fois arrivait en salle des profs en souriant « Hé, les copains, je viens d’avoir un orgasme pédagogique ! »
Y’a longtemps qu’elle n’en a pas eu d’ailleurs….
Il y a la catégorie des « pas confiance en soi » qui n’osent pas mettre en place un blog ou mutualiser, par peur, justement, d’être dénigré. Mais ceux-là sont peut-être plus à l’aise dans des réunions entre profs parce que là, les « accords et désaccords » ne sont pas virtuels. Il est vrai que je suis plus à l’aise dans le « réel » que dans le « virtuel ». Ceci dit, je pourrais proposer à mes collègues la mise en place d’un blog de mutualisation : je suis ouvert, mais faisant partie de la catégorie des « timides » du web. 2 (qui m’inhibe un peu, j’avoue). Reste à ma charge de m’efforcer d’y rentrer dedans plus aisément…
salut,
pour le plaisir je rajouterai une dernière catégorie, proche ou intégrable dans une de celle que tu as décrite : CEUX QUI ONT DIT NON !
Et bien en fait ils continuent :
* ils disent non aux Tice, parce qu’on la leur fait pas à eux
* ils disent non au socle commun, parce que c’est la mort de leur discipline et qu’ils sont pas devenus profs pour former des imbéciles, eux.
* ils disent non à tout ce qui vient de l’institution, parce que c’est pas bien l’institution et que eux ce sont des rebelles et qu’en juin 1940, on sait où on les aurait trouvés eux (de l’autre côté du Channel)
* ils dénoncent la suppression des stages, gueulent quand ils n’en ont pas (c’est la faute de l’institution) et regueulent un coup quand on leur soumet des ressources institutionnelles !
* ils ont un super esprit critique, eux, qui fait qu’ils voient des trucs que les autres ne voient pas, des complots notamment. Du coup, ils n’ont même pas besoin d’argumenter, eux, parce qu’ils savent et que quand ils interviennent, on ne peut plus faire semblant de ne pas avoir compris, non ?
et le pire dans tout cela, c’est que ça marche ! être de ceux qui disent non autorise de se passer de toute formule de politesse envers ceux qui ne voient pas ou qui collaborent (c’est suspect tout ce qui collabore), permet de se faire un max d’amis car il n’y a rien de plus consensuel qu’en être, de ceux qui ont dit non !
et n’essayez pas, maudits mécréants, d’émettre un avis de ceux qui disent oui, l’argumentaire sera TERRIBLE !!!! On peut même vous traiter de… bisounours !
J’ajouterai à ton excellent commentaire Anthony que ces résistants du lendemain sont souvent ceux qui ont le plus de poids lors des réunions « dans le dur et dans les murs » (je serais tenté de dire « dans le mur »). Grandes gueules, sachant crier plus fort, ils sont un obstacle constant à toute expérimentation. Depuis que j’enseigne, ces hussards du n’importe quoi m’ont constamment mis des bâtons dans les roues dès lors qu’un quelconque projet « hors cadre » semblait enfin pouvoir prendre forme.
Ben, j’arrive après la bataille (ah les réunions de famille…)!
D’abord merci pour la pub ;-))
Mon seul sentiment quand j’ai lu l’ensemble des commentaires est assez simple: me désabonner!!
Je la fais courte ce soir , j’ai pas envie de me cogner contre les murs insondables de la science universelle du Bocal Supérieur 😉